Exposition Kaamelott Résistance : transcription

Lors de la Comic Con 2012 s’est tenue une exposition dédiée à Kaamelott Résistance, des illustrations, des textes et des objets de la série dont deux costumes du Roi Arthur ont été présentés au public. De nombreuses personnes ont photographié l’exposition et partagé leurs photos, permettant à ceux n’ayant pu faire le déplacement d’en apprendre d’avantage sur cette période sombre de l’histoire du Royaume de Logres.

Vous trouverez ici la retranscription des textes de l’expositions qui décrivent la situation du Royaume et des Clans après la fin du Livre VI.

Kaamelott : Résistance

Le nouvel Ordre

Une journée.

Il ne fallut qu’une seule journée pour balayer l’ancienne Fédération et installer un pouvoir nouveau sur le Royaume de Logres. La Garde Fédérale de Kaamelott, voyant arriver une armée commandée par leur ancien ministre, n’opposa pratiquement aucune résistance.

Certains soldats se convertirent même immédiatement et sans cacher leur contentement, adoptant l’habit blanc presque sur le champs et rejoignant les forces de Lancelot avant même qu’il fût midi. Les hommes furent lancés à travers la région pour dénicher les Chevaliers d’Arthur, les arrêter et confisquer leurs biens et leurs domaines.

Au crépuscule, les geôles de Kaamelott étaient pleines à craquer ; la Table Ronde, celle qu’Arthur avait toujours voulue en pierre, était brûlée. Tout juste dans les mûrs, Lancelot courut s’asseoir sur le Trône d’Arthur. Il donna tous ses ordres depuis ce poste, sans jamais le quitter de la journée, ne jetant qu’un regard concentré, de temps à autres, sur les vitraux illuminés.

Quand on vint lui dresser la liste des arrestations, il n’eut aucune réaction. Une seule chose l’intéressait : Arthur. L’avait-on trouvé ? Quand on lui annonça que, pour l’instant, aucun indice n’avait pu indiquer sa piste, il entra dans une rage folle. La victoire du jour ne comptait pas , alors qu’à présent, tout lui appartenait, alors que les pleins pouvoirs lui étaient acquis, il n’avait pas eu un seul instant de satisfaction. Pas un.

Lancelot par Thomas LabourotLancelot par Thomas Labourot

Sa jambe n’avait jamais cessé de trembler, il ne s’était assis sur le Trône qu’à demi, comme un enfant que l’on tient à table contre son gré et qui s’impatiente. Arthur. Tant que le spectre de celui qu’on appelait − risible surnom − « le juste » hanterait la forteresse de la possibilité de son retour, la légitimité de Lancelot auprès du peuple de Logres serait en péril. Alors que son prédécesseur avait su, petit à petit, obtenir la bienveillance de ses sujets, Lancelot, lui, devait s’imposer par la force, l’intimidation et la surveillance.

Le coup d’État de Lancelot avait inspiré des sentiments plus que divers chez les Chevaliers de la Table Ronde et avait strictement divisé le Royaume de Logres en deux groupes distincts: les Résistants et les Collaborateurs. Et, comme toujours et à tout propos, un troisième groupe avait fini par émerger, un groupe à qui il faut toujours le temps de la réflexion : celui des indécis, auquel on peut rallier sans hésiter celui de ceux qui s’en foutent.

Les membres de l’ancien gouvernement dont l’existence avait été profondément modifiée par les nouvelles directives du tyran avaient dû se positionner de manière tranchée. Pour la plupart, pas d’hésitation possible. Bohort, depuis toujours scandalisé par l’attitude de son cousin Lancelot, n’avait vu dans ce putsch qu’une manifestation supplémentaire de sa folie grandissante. Bien qu’ayant opté pour un courageux repli sur les terres de son père, à Gaunes, il entretenait vis-à-vis du nouvel ordre un profond mépris.

Léodagan, confiné en Carmélide par ordre de Lancelot, nourrissait tant de rancune au sujet de son tourmenteur qu’on le sentait parfaitement susceptible de se joindre à n’importe quel projet visant à le débouter. Les Chevaliers Perceval et Karadoc, dont la fidélité n’avait jamais été mise à mal, c’étaient immédiatement lancés dans la clandestinité la plus totale, se cachant des forces blanches de Lancelot pour manigancer d’ingénieux complots ; ils représentaient, sans aucun doute, le réflexe résistant le plus net et le plus convaincu. Pas une seconde ils n’avaient songé au danger dans lequel les précipiterait leur choix. Pour d’autres, comme le Roi Loth d’Orcanie, la situation était toute aussi claire : sa position aux côtés de Lancelot était d’une légitimité sans faille. Il avait participé au recrutement de l’armée blanche et même, avait financièrement couvert le putsch du Chevalier du Lac. Hervé de Rinel, quant à lui, n’avait encore rien décidé. En fait, dans son proche entourage, on pensait que hésitation était beaucoup moins dues à l’ambivalence de sa conviction politique qu’à sa parfaite incompréhension de la situation actuelle. D’ailleurs, quand on lui parlait de Lancelot, il répondait souvent : « Je suis pas sûr de savoir lequel c’est… »

Lancelot avait instauré un nouvel Ordre sur le Royaume. Les principes laxistes et utopiques de son prédécesseur étaient bien loin. Il était dorénavant interdit d’allumer la moindre torche, de la tombée de la nuit au lever du soleil. Tout point lumineux sur le territoire était considéré comme une tentative de guidage des groupes résistants, comme le signe d’une réunion secrète ou d’une quelconque activité illégale.

De plus, il était strictement interdit de se réunir à plus de sept personnes. « Pourquoi sept ? », avait demandé le Roi Loth à Lancelot lorsqu’il avait imposé ce décret. « Parce qu’à la Table Ronde, on était huit. » Personne n’avait osé formuler de commentaire, pas même le Seigneur Galessin qui, pourtant d’ordinaire prompt au cynisme, avait préféré s’abstenir au vu du caractère instable du nouveau Souverain.

De plus, il avait été décidé que tout déplacement de plus de dix lieues devait faire l’objet d’une demande de laissez passer. Des postes-péages avaient été disséminés dans tout le royaume et le moindre voyageur incapable de fournir une autorisation officielle était lourdement questionné et, bien souvent, mis aux arrêts. Quant aux anciens Chevaliers de la Table Ronde, ceux d’entre eux qui ne s’étaient pas rendus d’eux-mêmes et qui n’avaient pas souscrit à la démilitarisation totale de leur territoire ni signé l’imposant décret qui décrivait les nouvelles lois auxquelles ils devaient se soumettre, étaient assidûment recherchés dans tout le Royaume − y-compris dans sa partie continentale − et on encourageait vivement quiconque aurait pu les apercevoir à donner tous les renseignements possible pour aider à leur arrestation.

Et surtout, Lancelot avait clairement énoncé la priorité absolue : retrouver Arthur. Rien n’était plus important. On lui avait rapporté, une fois, que le bandit Venec était plus que renseigné à ce sujet et que, même, il était possible que ce fût lui, le jour du coup d’État, qui eût aidé Arthur à fuir. Lancelot, qui n’avait jamais prêté la moindre attention au marchand d’esclaves jusqu’alors, concentrait fiévreusement ses recherches sur lui.

Les clans soumis

L’ancien traité qui liait la Carmélide à Kaamelott était bien loin !

Léodagan, jadis, avait tout obtenu de son gendre Arthur : souveraineté monétaire, militaire, justice autonome… Souvent inspiré par les principes politiques sans compromis de son épouse Séli, il avait réussi un tour de force peu commun : placer son pays sous la coupe d’une fédération sans rien fédérer du tout qui ne lui appartint.

Rien ! Et tous ses privilèges d’avant − à part quelques uns véritablement trop barbares pour subsister − avaient été conservés, sous prétexte de tradition et d’identité. Kaamelott lui avait apporté, de son côté, tout un tas de rétributions diverses visant à promouvoir la protection de son territoire ; Léodagan de Carmélide, obnubilé par la défense et toutes les technologies − chères − qui s’y rapportent, avait tout balancé dans la fabrication de tourelles et d’engins de siège, bien qu’il n’eût jamais projeté d’assiéger qui que ce soit. Il profitait de son rattachement au Royaume de Logres tant qu’il pouvait et, en échange, ne lui rendait rien. Les réunions de la Table Ronde étaient le seul folklore arthurien auquel il acceptait de se livrer, à condition, bien sûr, que cela ne lui prît qu’un temps minime et ne lui coûtât rien.

Léodagan et Séli par Thomas Labourot Léodagan et Séli par Thomas Labourot

Aurait-on pu humilier Léodagan de Carmélide plus sûrement qu’en lui ôtant sa souveraineté militaire ? Aurait-on pu lui asséner coup plus sévère qu’en démantelant sa chère armée ? Pire, pouvait-on le placer en situation plus inconfortable qu’en le livrant, affaibli et humilité, aux sarcasmes de son père Goustan le Cruel ?

Ultime péril : il vivait à présent confiné dans sa forteresse de Carmélide, face-à-face avec son épouse Séli, à la compagnie de laquelle il ne pouvait maintenant plus se soustraire. Lancelot et son putsch lui auraient été indifférents s’il n’en avait pas tant subi les conséquences… il regrettait cependant les heures où son gendre était sur le Trône de Bretagne ; vivre à présent sous le glaive insensé d’un Chevalier narcissique et illuminé lui promettait des instants pénibles, et son mépris des causes se trouvait, chose rare, bien fragile face à son grandissant besoin d’action.

Des tourelles. Des tourelles, des tourelles et encore des tourelles. Il y a pratiquement plus de tourelles en Carmélide que d’habitants. Et cette tendance avait évolué jusqu’au coup d’État de Lancelot : entre le peuple de Carmélide qui n’avait de cesse de déserter sa terre natale au profit de gouvernements plus souples et modernes − comme Kaamelott − et les tourelles qui continuaient à fleurir, on commençait à avoir du mal à trouver suffisamment de main d’œuvre pour assurer leur entretien, sans parler des roulements de garde qu’elles exigeaient.

Les tourelles de Carmélide étaient devenues une célébrité dans tout le royaume ; auraient-elles produit quoi que ce soit de négociable, le pays tout entier aurait connu une expansion florissante. Malheureusement, elles ne produisaient rien. Pire, plantées dans le sable des côtes, il y a bien longtemps qu’elles avaient découragé toute tentative d’invasion par la mer : bien mal habile capitaine aurait été celui qui aurait fait cap sur la Carmélide avec l’espoir concret de percer une pareille muraille !

Pourtant, les tourelles avaient continué de pousser jusqu’à ce que Lancelot grimpe sur le Trône d’Arthur, et seul un évènement de cette ampleur avait pu stopper leur propagation. Léodagan de Carmélide ne s’était pourtant pas attelé à une entreprise de si grande envergure par vocation artistique, pas plus que par simple folie, non… Tout simplement, le caractère inflexible du Sanguinaire se manifestait par le biais de ces tourelles : s’il avait pu, il aurait resserré les mailles de son curieux filets jusqu’à ce que le moindre hérisson soit immanquablement détecté et transpercé d’un carreau d’arbalète à sa simple tentative de pénétration du territoire de Carmélide, cette Carmélide où, tout simplement, on entre pas. Personne. D’ailleurs, Léodagan s’était toujours étonné qu’on puisse le lui reprocher. Il avait pourtant signé un traité de libre passage pour tous les peuples fédérés de Logres. Pourtant, à la question : « Pourquoi est-ce si difficile de rentrer chez vous ? », il n’avait qu’une réponse. « Pour commencer, vous n’avez rien à glander chez moi. Est-ce que je vais chez vous, moi ? Non. »

Lancelot n’imaginait pas régner sans Guenièvre à ses côtés. Même, il avait conscience que le spectre de Guenièvre, qui hantait son esprit jour et nuit, l’empêchait de se donner corps et âme à la Quête du Graal. Partout, la forteresse de Kaamelott portait les signes de sa bien-aimée ; partout, un objet, une pièce, une allée des jardins lui rappelait ses années au service du Roi Arthur, pendant lesquelles il avait, tous les jours, côtoyé celle qu’il avait toujours aimé en secret.

Guenièvre par Thomas Labourot Guenièvre par Thomas Labourot

Guenièvre, elle, avait en mémoire leur vie en forêt, quand elle était partie, après une ultime trahison de son époux, avec Lancelot dans son camp retranché. Du temps que son amant organisait son armée séparatiste − celle-là même qui, plus tard, renverserait la Fédération d‘Arthur −, elle avait attendu, des semaines, des mois, regardant Lancelot devenir chaque jour un peu moins sensé, un peu plus malade. Elle l’avait vu passer tous les caps de sa folie tyrannique, jusqu’à le surprendre, même, à partir tout seul ou se lancer soudain à la poursuite d’un personnage en noir que personne à part lui ne voyait jamais.

Aujourd’hui, Guenièvre avait peur. Elle se souvenait du jour où Lancelot avait pénétré dans Kaamelott par la rivière souterraine, et où il l’avait assomée d’un coup de poing. Elle se souvenait qu’il l’avait séquestrée… Et même si, à présent, elle recevait chaque deux jours une missive de Lancelot, l’invitant à le rejoindre pour redevenir, à ses côtés, Reine de Bretagne, même si elle avait bien entendu dire que c’était Lancelot qui avait tiré Arthur des griffes de la mort au jour de son suicide, elle se cachait chez son père, en Carmélide, et attendait patiemment que Lancelot desserre son étreinte. Quant à ses parents, ils s’étaient persuadé qu’elle était folle, à la voir refuser la main d’un Souverain. Quelle femme courtise-t-on autant ? Qui peut prétendre être Reine d’un Roi un jour, et Reine de son rival le lendemain ? C’était inespéré. Mais Guenièvre se terrait. Et elle continuait à refuser Lancelot, attisant chaque jour un peu plus sa colère, prenant le risque qu’il s’en prenne à la Carmélide toute entière.

Le Royaume de Logres Continental était devenu la terre de tous les espoirs.

Éloigné du centre névralgique du gouvernement de Lancelot − Kaamelott − et séparé de lui par le bras de mer que les romains appellent Fretum Gallicum, le continent décourageait les forces de Lancelot. Trop vaste, il était pratiquement impossible d’y mener des recherches ; les dialectes s’y étaient multipliés, les traditions séculaires avaient subsisté : l’influence du Royaume Îlien y était, parfois, à peine perceptible.

Pour Lancelot, il régnait un tel mystère sur ce continent − qui était pourtant sous son joug − qu’il en était venu à se persuader qu’Arthur s’y cachait. Bien que personne ne lui donnât le moindre renseignement étayant cette théorie, il s’était mis à nourrir ce fantasme, globalement parce que c’est là-bas qu’il aurait été se cacher de Kaamelott, lui-même, si le besoin s’en était fait un jour sentir.

De plus, il savait qu’Arthur y avait des alliés. Le Chevalier Bohort, après le putsch, avait décidé de rentrer sur ses terres, à Gaunes. Il y avait aussi le Duc d’Aquitaine, qui avait toujours manifesté une sympathie pour Arthur. Il y avait Vannes, le fief du Chevalier Karado et de Mevanwi, l’ancienne amante du Roi… Oui, Arthur pouvait avoir trouvé vingt refuges sur le continent. Et Lancelot avait envoyé ses troupes, les mêmes que celles désignées pour porter la nouvelle du coup d’État, chez les anciens représentants continentaux de la Quête du Graal.

En vain. Arthur n’y était pas. Ou alors y était-il ? Il aurait un homme par acre de terre pour l’y dénicher. Lancelot avait aussi envoyé des espions, espérant qu’une conversation trahisse, un jour, la cachette de son rival… Rien. Si Arthur était chez Bohort ou chez le Duc d’Aquitaine, il y était si secrètement dissimulé que même les servantes, la garde ou les métayers ne prononçaient jamais un mot à son sujet. Lancelot, sentant le continent se soustraire à son autorité, l’imaginant même se moquer de lui et de l’absence d’Excalibur à sa ceinture, nourrissait une rancune grandissante. Il se promettait à lui-même de se débarrasser par les flamme de ce relief de l’ancienne Fédération, comme on ampute un membre qui ne répond plus aux ordres.

Résistance !

Ils n’avaient pas hésité une seconde.

Par fidélité à Arthur, certainement, mais aussi car ils avaient toujours considéré Lancelot comme quelqu’un de suspect dont il fallait se méfier, Perceval et Karadoc, à l’annonce du putsch, n’avaient pas mis longtemps à concevoir leur réponse.

En premier lieu, il fallait trouver un Quartir Général ; la taverne, qui jusque là leur avait servi de base, était étroitement surveillée par les hommes de Lancelot et l’endroit devait être considéré comme perdu. Cependant, à deux pas de cette taverne − il ne faut pas trop s’éloigner non plus − une clairière discrète répondait à leur attentes : elle avait été désignée comme centre névralgique de leurs futures actions terroristes.

À quel moment s’étaient-ils mis d’accord sur une tactique exclusivement souterraine ? C’est difficile à dire. Ils n’avaient cependant jamais douté une seconde de cette orientation pour laquelle ils n’avaient aucune connaissance, pas plus en combat en tunnel qu’en forage, minage, orientation, ni en aucune discipline en rapport avec l’excavation. Pire : leur Enchanteur Merlin, qui ne cessait d’ailleurs de le leur rappeler, voyait tous ses pouvoirs druidiques s’évanouir en milieu souterrain. Aucun appel possible aux forces habituelles : le ciel, la foudre, les animaux, à part les taupes aux lesquelles il n’avait, disait-il, aucun fluide.

Les Semi-Croustillants par Thomas Labourot Les Semi-Croustillants par Thomas Labourot

Bien qu’elle n’eût jamais été clairement énoncée, la mission finale de la vaste entreprise du clan des Semi-Croustillants était de progresser, par le biais d’un réseau de galeries, jusque sous la forteresse de Kaamelott, dans laquelle ils pourraient s’introduire à la barbe de la garde. Avaient-ils réellement conscience du travail colossal que représentait le cavage du pays tout entier ? Oui, à les entendre… Mais rien n’avait réussi à les décourager ; l’idée même d’effectuer la moindre étape à l’air libre leur paraissait grotesque et, pensant aux autres groupes résistants dont on racontait partout les arrestations, ils ne pouvaient réprimer une quinte de rire à l’idée d’une telle ringardise et d’un tel manque d’inventivité.

Les Chevaliers Yvain et Gauvain avaient déjà eu, jadis, un mal fou à comprendre la notion d’indépendance, à l’époque où ils optèrent pour l’autonomie en fondant le Clan des Petits Pédestres.

La fièvre de l’émancipation les avait pris et ils s’étaient surtout attardés aux détails : un lieu sur la carte pour leur quartier général, un nom pour le clan (directement en rapport avec leur aversion pour les voyages à cheval)… ils avaient aussi longuement débattu de l’éventualité d’accueillir Demetra au sein de leur Clan, avant de décider de la marier, ni plus ni moins, à Yvain.

Mais la véritable nature d’un clan autonome, indépendant pour partie, mais soumis à l’autorité d’Arthur en de nombreux cas spécifiques, n’avait cessé de leur échapper. Et pour parfaire leur incertitude, à peine s’étaient-ils habitués à leur nouvelle vie, on vint leur apprendre qu’un putsch avait eu lieu, qu’Arthur, beau-frère de l’un et oncle de l’autre, était en fuite et introuvable et que Lancelot, ancien Ministre du Roi − qui avait si souvent joué les précepteurs pour leur apprendre patiemment les rudiments de la Chevalerie − était au pouvoir et pourchassait tous les anciens Chevaliers de la Table Ronde.

Ils mirent longtemps à comprendre la chose, à s’en faire une idée, et acceptèrent que la situation complexe qui leur avait jusqu’ici échappé venait d’être remplacée par une nouvelle donne encore plus impénétrable. Ils parvinrent tout de même, au sortir d’une interminable séance d’explications que le Seigneur Calogrenant avait eu la patience de s’infliger, à envisager qu’un choix se présentait à eux. Et ils n’avaient finalement pas hésité, en tout cas, pas autant qu’on aurait pu l’attendre… Leur voie serait celle de la Résistance.

La Résistance était finalement une position comme une autre : le terrorisme était une mission intimidante, certes, mais tellement plus aisée à comprendre que n’importe quelle circonvolution politique. Yvain et Gauvain n’étaient définitivement pas les hommes de l’intrigue et du calcul. Ils étaient les Chevaliers des causes limpides.

La Bannie

Viviane avait passé les pires années de son existence sous les traits d’une mendiante. Elle avait tant travaillé, pourtant, à maintenir le Roi Arthur sur son Trône, à lui conserver Excalibur à la ceinture, à l’encourager quand il le fallait, et il le fallait souvent…

Elle avait réussi à devenir la légendaire Dame du Lac que seul le fils de Pendragon était capable de voir. Patiemment, sous sa forme éthérée, elle avait orienté son protégé dans les méandres d’un Quête du Graal des plus approximatives, alors qu’elle se savait elle-même insuffisamment renseignée pour lui apporter les réponses qu’il exigeait toujours plus.

Viviane par Thomas Labourot Viviane par Thomas Labourot

Et, quand Arthur lui avait échappé, quand il avait quitté si franchement la route du Graal sans qu’elle ne pût rien faire, on l’avait punie. Bannie de son plan, son premier contact avec le monde tangible fût le Lac Sacré dans lequel On la jeta. Et sa première action terrestre fut d’échapper à la noyade, se raccrochant aux racines et tâchant de survivre, alors que l’enveloppait une sensation terrible qu’elle n’avait jamais connu : le froid. Elle put, cependant, trouver le chemin de Kaamelott et y entrer clandestinement. Arthur la garda près de lui, un temps. Mais Viviane ne se remettait pas de sa propre impuissance. Rien. Elle ne pouvait rien faire.

Elle avait vu Arthur replanter Excalibur dans le Rocher, elle l’avait vu renoncer, attenter à ses jours… Mais quand le fou Lancelot vint au pouvoir, elle trouva en elle suffisamment de ressources pour passer à l’action. Le fils de Ban sur le Trône de Bretagne représentait pour elle une telle ignominie que son courage s’en était trouvé décuplé. Elle savait Lancelot sous la coupe de « la Réponse », la manifestation la plus inquiétante de l’échec humain, et elle était probablement l’unique personne sur Terre capable de présager de l’irrémédiable catastrophe qui se préparait. Le Monde aux mains des forces obscures…

Et elle, faible comme une humaine. Son temps d’errance était à présent terminé. Elle se tenait propre, elle s’habillait, peignait ses cheveux… Et mettait tout en œuvre, elle et quelques âmes courageuses qui s’étaient ralliées à sa cause, pour tenter de sauver le genre humain.

Décrets de Lancelot

Perceval et Karadoc

Toute personne ayant pu être amenée à voir, apercevoir, ou ayant entendu directement ou indirectement parler de deux individus répondant aux noms de Karadoc de Vannes et de Perceval le Gallois (ou Provençal le Gaulois selon certaines sources) a ordre de rentrer au contact au plus vite avec les instances de Kaamelott pour livrer ses informations. Complices de l’ancien Roi scélérat Arthur de Bretagne, Perceval et Karadoc − se prétendant toujours Chevaliers de la Table Ronde au service de la Quête du Graal − représentent une sérieuse menace terroriste pour le Royaume de Logres et sont activement recherchés par l’Armée Blanche. Il est rigoureusement interdit de prêter assistance aux deux malfaiteurs, sous peine d’encagement immédiat.

De même, toute information pouvant aider à l’arrestation de deux complices d’Arthur, Yvain − dit le « Chevalier au Lion » −, fils de Léodagan et Carmélide et Gauvain, fils du Roi Loth, doit être communiquée aux instances de Kaamelott.

Venec

Un dangereux malfaiteur répondant au nom de Venec, réputé marchand d’esclaves, trafiquant de fausse monnaie, de faux documents officiels, plusieurs fois reconnus coupable d’attaque de convois, de contrebande, de falsification, d’escroquerie, d’enlèvement, de proxénétisme et d’usurpation, est activement recherché par les instances juridiques de Kaamelott.

Cette personne est soupçonnée d’avoir directement prêté main forte au Roi félon Arthur Pendragon en lui trouvant refuge en en lui permettant d’échapper aux forces de Kaamelott qui le recherchent. Il serait même question que le dangereux Venec ait conduit le bâtard Arthur hors du Royaume de Logres, pour une destination qui reste inconnue, afin de le soustraire à son jugement.

Quiconque aurait des renseignements pouvant aider à l’arrestation du bandit Venec a ordre de se rendre au plus vite au bâtiment officiel le plus proche.

Textes d’Alexandre Astier
Illustrations de Thomas Labourot
© Calt / Dies Iræ / Regular Production / 2012
Tous droits réservés.

4 réponse à “Exposition Kaamelott Résistance : transcription

  1. Fein dit :

    Merci beaucoup pour toutes ces précision, l’attente sera longue… !!

  2. Apius Manilius dit :

    Franchement merci et bravo Kaamelott Résistance S’annonce vraiment super mais l’attente va être très très longue :(

  3. Melusine de Lusignan dit :

    Merci pour cet exposé! C’est génial! :)

  4. Reius nomus dit :

    Je trouve tout ceci bien palpitant mais j’aurais un question … Il semblerait que dans la villa Arthur se remette peu à peu de son traumatisme à la vue de la robe de mariage de sa femme, et ses ambitions semblent partagés entre retrouver cet amour perdu qui lui fait tant de bien, et (à le voir se battre, enfant, avec Excalibur) une certaine flamme de justice pour l’honneur de ces opprimés dont il parle tant. Alors voilà, Arthur devient quoi ? Personne n’en parle nul part, des théories ? des idées ?

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